
US Fish and Wildlife Service Southeast region
La résilience est avant tout une approche permettant de faire face aux changements, et de s’adapter et de se transformer en réponse aux changements. Comme les systèmes socio-écologiques se développent sans cesse, il faut constamment mettre à jour les connaissances existantes pour permettre l’adaptation au changement ainsi que les approches de gestion. La gestion adaptative, la cogestion adaptative et la gouvernance adaptative sont toutes centrées sur l’apprentissage comme partie intégrante du processus de prise de décision. Les premières fondent leurs stratégies sur le fait que la connaissance est incomplète et que l’incertitude, le changement et la surprise jouent un rôle important dans la gestion des systèmes socio-écologiques.
Dans la gestion adaptative, la formulation, la mise à l’essai et l’évaluation des hypothèses alternatives sur la façon dont le système fonctionne, sont toutes essentielles. La gestion adaptative, c’est donc l’apprentissage par la pratique en expérimentant des méthodes de gestion alternatives. La cogestion adaptative se concentre également sur l’apprentissage par la pratique, mais met l’accent plus explicitement sur le partage de connaissances entre différents acteurs, souvent issus des communautés locales ou des décideurs. La gouvernance adaptative se concentre sur la stimulation de l’apprentissage à travers le partage de connaissances à différentes échelles afin de concilier les diverses organisations et institutions. Cette concentration sur l’apprentissage de manière inter-échelle est poursuivie afin de créer de nouvelles normes sociales et de la coopération.
Bien que des agences spécialisées et des scientifiques effectuent souvent des activités de surveillance et d’expérimentation, et bien qu’ils apprennent par conséquent au cours de ce processus, l’importance d’une participation plus grande est désormais reconnue, afin de stimuler l’apprentissage parmi différents acteurs sociétaux. Des processus plus collaboratifs peuvent également aider à expliciter davantage les valeurs de différents services écosystémiques. L’un des exemples les plus connus est celui de Kristianstad Vattenrike, une zone humide dans le sud de la Suède. Là, des pressions croissantes liées au développement ont mené à une dégradation accrue de ce qui était considérée comme une vaste zone peu attractive de marais saturés d’eau. Toutefois, grâce à un processus étendu et collaboratif, incluant à la fois les habitants et les politiciens, la perception des milieux humides a changé, et la zone est maintenant considérée comme ayant une grande valeur pour des usages diverses, y compris la récréation.
De même en Australie, un changement de perceptions chez les politiciens et le public vis à vis de la Grande Barrière de corail – considérée maintenant comme gravement menacée, plutôt que vierge – a ouvert la voie à une meilleure protection du récif et des services écosystémiques associés. Ces deux changements de perceptions se sont produits au travers de processus d’apprentissage collaboratifs.
Il existe un certain chevauchement des lignes directrices concernant la manière de favoriser l’apprentissage afin d’obtenir de résultats résilients. Parmi celles-ci, les plus importantes sont :
La conception du processus d’apprentissage est déterminante. C’est pourquoi il est si important de garder à l’esprit les conditions qui peuvent rendre inefficace l’apprentissage. Un apprentissage mal adapté ou dysfonctionnel peut mener à des stratégies et à des comportements menaçant la fonction de systèmes socio-écologiques entiers. Par exemple, les campagnes systématiques anti-environnementales décrites par Naomi Oreskes et Erik Conway dans leur livre “Les Marchands de doute” (2011) avaient comme but de nuire délibérément à la science environnementale en soulignant l’incertitude et en produisant ‘le débat’. La dynamique du pouvoir peut également influencer la façon dont l’apprentissage s’effectue. Il y a de nombreux exemples où la priorité a été donnée aux connaissances scientifiques plus qu’à d’autres systèmes de connaissance, ignorant en particulier les connaissances traditionnelles ou locales. L’effondrement de la pêche à la morue au Canada est un exemple emblématique où les préoccupations des pêcheurs locaux ont été ignorées alors qu’ils avaient exprimé de graves inquiétudes concernant les stocks de morue.